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DE HENRI III. [i 588] 363
politiques ou hérétiques, c'est-à-dire bons serviteurs du Roy. Mais dès le lendemain ils furent tous renvoyés en leurs maisons, fors le prevost des marchands, qui étoit mal voulu du peuple. Et sur ce que la Reine mere pria le duc de Guyse de le faire mettre dehors, il lui répondit : « S'il vous plaît, je Tirai querir, et vous le cc ramènerai par la main; mais il est mieux là qu'en sa cc maison. »
En ce jour fut semé le suivant quatrain, bien ren-
« Lesieur de Brissac voyant que ni par honnestes offres, ni par sa m priere, il n'esbranloit l'ambassadeur, termina ses harangues par me-« naces, lui disant que le peuple de Paris lui en vouloit, pour la « cruauté dont la royne d'Angleterre avoit usé envers la royne d'E-« cosse. A ce mot de cruauté, l'ambassadeur lui dit : Tout beau, « monsieur, je vous arreste sur ce seul mot de cruauté : on ne nomma « jamais bien cruauté une justice bien qualifiée. Je ne crois pas, au sur-« plus, que le peuple m'en veuille comme vous dites ; sur quel sujet, m veu que je suis icy personne publique qui n'ay jamais fasche per-« sonne ?
• Avez-vous pas des armés, dit le sieur de Brissac ? — Si vous me « le demandiez, respondit l'ambassadeur, comme à celui qui a esté m autrefois amy et familier de M. de Cossé vostre oncle, peut-estre « que je vous le dirais ; mais estant ce que je suis, je ne vous en diray a rien. —• Vous serez tantost visité ceans : car on croit qu'il y en a, « et y a danger qu'on ne vous force. —Pai deux portes en ce logis, ré-« pliqua l'ambassadeur ; je les feray fermer, et les deffendray tant que m je pourray, pour faire au moins paroistre à tout le monde qu'in-« justement on aura en ma personne violé le droit dès gens. A cela « M. de Brissac : IM ais dites-moi en amy, je vous prie, avez-vous des « armes?
« Puisque le me demandez en amy, dit l'ambassadeur, je vous le « diray en amy. Si J'étois ici homme privé, j'en aurois ; mais y estant m ambassadeur, je n'en ay point d'autres que - le droit et la foy pu-« blique. — Je vous prie, faites fermer vos portes, dit le sieur de « Brissac. — Je ne le dois pas faire, respond l'ambassadeur; la mai-m son d'un ambassadeur doit estre ouverte à tous les allans et venans : « joint que je ne suis pas en France pour demeurer à Paris seulement, « mais près du Roy, où qu'il soit. »
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